Le buveur justifié, par Anacréon XIX

La terre boit la pluie
Et les arbres la terre
La mer se désaltère au passage des brises
Le soleil boit la mer
La lune, le soleil
Pourquoi donc camarades se défendre de boire ?

Anacréon XIX (époque gréco-romaine)

Anacréon, né vers 550 av. J.-C. à Téos, en Ionie, mort vers 464 av. J.-C., est l’un des plus grands poètes lyrique grec avec Alcée de Mytilène et Sappho. Il fut surnommé Le chantre ou le vieillard de Téos.

On en sait peu sur sa vie. Selon la tradition, il serai né à Téos une ville Ionienne sur les cotes d’asie mineure. Le nom et l’dentité de son père reste sujet à discussion, il y aurait quatre possibilités : Scythianos, Eumélos, Parthénios, ou Aristocritos. Il s’exile, vers 540, pour Abdère quand Harpage, général de Cyrus II, prend sa ville natale. Anacréon part ensuite pour Samos, où il est protégé par le tyran Polycrate, qu’il loue dans ses poèmes.

Après la mort de ce dernier en 522, il est invité par Hipparque à Athènes. Là, il fréquente le cercle d’artistes rassemblé par le tyran et les meilleures familles de la cité. Il se lie en particulier avec Simonide de Céos et Xanthippe, père de Périclès. Il célèbre également la beauté de Critias, fils de Dropidès et héros du dialogue de Platon qui porte son nom (cf. Critias). Après la chute des Pisistratides, il regagne son Ionie natale.

Il meurt à l’âge de 85 ans à Téos. Selon la tradition, il se serait étouffé avec un raisin sec. Simonide lui dédie deux épitaphes, Athènes érige sa statue sur l’Acropole et Tégée place ses portraits sur sa monnaie.

Œuvre
Anacréon se consacre principalement à la poésie amoureuse et à la poésie de banquet. Ainsi, la statue que lui consacrent les Athéniens le représentent comme un poète inspiré par Dionysos. Le style d’Anacréon se caractérise par sa légèreté et son charme. Le vin est loué mais sans excès (« dix mesures d’eau pour cinq de vin, voilà le bon mélange », fgt. 11), l’amour doit également rester mesuré (« Je n’aime et je n’aime pas. Je suis fou et je ne suis pas fou », fgt. 83). Ce style est rapidement connu sous le nom d’« anacréontique ». On appelle ainsi Anacreontea des recueils de poèmes légers.

Il emploie des mètres variés ; les strophes les plus courantes sont composées de mètres glyconiens terminés par un mètre phérécratien, ou de mètres dits « anacréontique », composés d’ioniques mineurs. Ce type de strophe rencontrera un très grand succès par la suite, chez les Grecs comme chez les Romains.