Au pied d’une vigne
Je naquis un jour
D’une mère digne
De tous mes amours
Depuis ma naissance
Elle m’a nourri
En reconnaissance
Moi je la chéris
{Refrain: 2x}
Joyeux enfants de la Bourgogne
Je n’ai jamais eu de guignon
Quand je vois rougir ma trogne
Je suis fier d’être bourguignon
Assis sous la treille
Plus heureux qu’un roi,
Toujours ma bouteille
A côté de moi
Jamais je m’embrouille
Car chaque matin
Je me débarbouille
Dans un verre de vin
{Refrain}
Madère et Champagne
Approchez un peu
Et vous, vins d’Espagne,
Malgré votre feu
Le jus de l’ivrogne
Réclame ses droits
Devant la Bourgogne
Saluez trois fois
{Refrain}
Puisque tout succombe
Un jour je mourrai
Jusque dans la tombe
Toujours je boirai
Je veux qu’dans la bière
Où sera mon corps
On y mette un verre
Rempli jusqu’au bord
{Refrain}
Author Archives: Dav
Fumiko Kono, cuisinière d’origine japonaise
Août 2009. Vu hier soir à la télé, sur Gourmet TV un reportage consacré à la cuisinière Fumiko Kono. Promenade avec elle sur la planète, mais surtout à Tokyo, Kyoto et Paris. Simple, sobre, subtile, raffinée, énergique, profonde… évidemment sa cuisine lui ressemble. Ce doit être fantastique de pouvoir l’inviter chez soi pour réaliser un repas exceptionnel. Voici sa brochure…
Les 70 ans de Pierre Hairion, papa
C’était donc le 12 juillet 2009. Nous lui avons fait la surprise à Maussane-les-Alpilles. Karim Houari a fait quelques images…
Vélasquez et l’ordre de Santiago
Mai 2009. Nous sommes avec Antoine au Musée du Prado à Madrid. En arrêt devant Las Meninas. Et je suis fasciné par le symbole que porte le peintre…
Extrait de description de Las Meninas
“Vélasquez se peint lui-même à la gauche de la scène, regardant vers l’extérieur au delà d’un large canevas soutenu par un chevalet. Sur sa poitrine se trouve la croix rouge de l’ordre de Santiago, ordre qu’il ne recevra pas avant 1659, trois ans après que la toile fut complétée. Selon Palomino (1724), Philippe IV a ordonné que cette croix soit ajoutée sur la toile à la mort de Vélasquez et certains disent que le roi l’a peinte lui-même”.
En 1658, le roi décide à faire entrer Velasquez dans un ordre. De trois ordres militaires, le peintre choisit l’ « Orden militar de la Caballeria de Santiago ». Conformément aux règles de cet ordre, une vaste enquête est ouverte pour prouver que les ascendants de Velazquez étaient des chrétiens dépourvus de sang juif ou maure. En outre, tous les membres de sa famille doivent être des hidalgos, donc ne pas travailler pour de l’argent : c’est-à-dire que tous les métiers du commerce et de l’artisanat – dont la peinture – sont exclus ! La lutte de Velazquez pour son statut social exclusif est donc très difficile. Cent quarante-huit personnes seront appelées à témoigner, nombre d’entre elles pleines de bonnes intentions à son égard, mais le fait est que sans le soutien massif du roi et l’appui du pape, Velazquez ne serait jamais devenu chevalier de l’Ordre de Santiago. Toutes ces considérations pourraient sembler dérisoires aux yeux de ceux qui contemplent ses tableaux aujourd’hui, si on n’en retrouvait pas la trace – comme on le pense souvent – dans l’oeuvre majeure de Velazquez, son chef-d’oeuvre incontestable, celui que le peintre napolitain Luca Giordano (1634-1705) a nommé la « Théologie de la peinture » : le tableau monumental « Les Ménines ou La Famille de Philippe IV » réalisé en 1656/57.
Histoire
À l’origine, cet ordre se composait de Galiciens qui, vers 1160, se préoccupaient de l’hébergement des pèlerins sur la route menant à Compostelle. Les uns étaient des chanoines du monastère de Santa Maria de Loyo, en Galice, près de Portomarín, les autres formaient une confrérie d’une douzaine de laïcs.
Le 1er août 1170, Ferdinand II de León et de Galice (1137-roi 1157-1188), confie la protection de Cáceres, en Estremadura, tout juste reprise aux musulmans, à Pedro Fernàndez, (premier maître de l’ordre – 1170-1184), et à ses douze frères d’arme qui l’ont aidé à prendre la ville.
Désireux de fonder un ordre de chevalerie sur le modèle de ceux créés en Terre Sainte, Pedro Fernàndez conclut en mai 1170, en présence du roi et des archevêques de Tolède et de Saint-Jacques-de-Compostelle, un accord avec le prieur du monastère de Santa Maria de Loyo.
Soumise à l’autorité spirituelle des augustiniens de Loyo, la congrégation prend le nom « des Frères de Cáceres », et assure la protection des hospices tenus par les chanoines sur la route du pèlerinage, comme ceux de Portomarìn ou de San Marcos de León (Espagne).
Au début de 1171, devant les menaces de l’armée musulmane, Ferdinand Il convoque à León le maître de la nouvelle milice pour préparer le regroupement de ses forces.
À cette occasion, le 12 février 1171, l’archevêque de Compostelle, Pedro Gudesteiz, remet solennellement à Pedro Fernàndez la bannière d’étoffe rouge figurant en son centre le Fils du tonnerre, brandissant l’épée d’une main, tenant de l’autre la croix et les rênes de sa monture blanche. C’est désormais sous le nom de saint Jacques, patron et défenseur de l’Espagne chrétienne, que serviront les Frères de Caceres, devenus Caballeros de la Espada, « Chevaliers de l’Épée » en souvenir de l’épée brandie par l’apôtre et constituant la « Milice du Christ et de saint Jacques » face aux soldats de Mahomet. Il se place ainsi sous le patronage de saint Jacques le matamore.
L’archevêque devint frère honoraire de l’Ordre, éleva son Maître la dignité de chanoine honoraire de Saint-Jacques, et consacra les frères « vassaux et chevaliers de Saint Jacques l’Apôtre pour combattre sous sa bannière pour l’honneur de l’Église et la propagation de la Foi ». Il leur promit son appui : il les aiderait de ses conseils et leur fournirait armes, troupes et subsides. Pour leur part, les frères s’engageaient à défendre Albuquerque, possession de l’archevêché compostellan en Estrémadure.
Pedro Fernández donne rapidemant à l’ordre une envergure internationale en acquérant des biens au Portugal, en Castille, en Aragon, en France, en Italie et en Terre Sainte. L’Ordre calque son organisation sur son implantation : sous l’autorité d’un maître, des grands commandeurs dirigent les cinq régions ou, royaumes de l’ordre : Léon, Castille, Aragon, Gascogne et Portugal (en 1290). Le « royaume » du Portugal se rend autonome en 1316.
Après avoir perdu leur siège de Caceres, reprise par les musulmans en 1173, et s’être brouillé avec Ferdinand II de León, les chevaliers décident de gagner la Castille, où Alphonse VIII le Noble (1155-roi 1158-1214), entouré du maître de l’ordre de Calatrava et du grand prieur de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, les accueille avec tous les honneurs. En janvier 1174, le monarque castillan leur remet la ville et la forteresse d’Uclés, jusqu’alors tenues par les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem.
L’année suivante, Pedro Fernàndez se rend à Rome auprès du pape Alexandre III, (1105-pape 1159-1181), qui ratifie, le 5 juillet 1175, la bulle d’approbation de l’ordre religieux et militaire de Santiago. En 1176, quelques chevaliers revinrent dans le royaume de León et s’établirent dans le couvent San Marcos, sur un terrain situé près du pont sur la Bernesga, où existaient, depuis 1151, une église et un hôpital pour pèlerins. Ils fondèrent également l’hôpital de las Tiendas, à la frontière de Castille. Le nombre de chevaliers était alors 400 et ils pouvaient rassembler plus de 1000 lances.
Les rois de Castille après la Bataille de Las Navas de Tolosa (1212), à laquelle les chevaliers ont participé, leur ont accordé des privilèges qui ont permis à l’ordre de repeupler des régions étendues d’Andalousie et de Murcie. Le château de Segura de la Sierra, reconquis par Alphonse VIII en 1214, leur est confié : ils y installent leur commanderie pour le royaume de Jaén. C’est de cette forteresse qu’ils mèneront leurs opérations militaires dans la région.
Au XVIe siècle, l’Ordre possédait une centaine de commanderies, dont trois étaient réservés aux Grands Commandants, autant de châteaux, une trentaine de couvents, 26 hôpitaux, 240 églises, 5 hôpitaux, 178 villes et villages, et 1 université à Salamanque.
Le 2 janvier 1492, jour de la reddition de l’émir Boabdil, la bannière de l’ordre flottera sur la plus haute tour de l’Alhambra à Grenade.
L’organisation de l’ordre
En 1174 le roi Alphonse VIII de Castille leur cède Ucles, dans la Province de Cuenca, et depuis a été considéré comme le siège de l’ordre ; là le Grand Maître a habituellement résidé, et les archives de l’ordre ont
été préservées jusqu’en 1869. Elles se trouvent actuellement à l' »Archivo Historico Nacional » de Madrid.
Une branche de l’ordre de Santiago groupe les clercs, sous la direction d’un Grand Prieur, suivant la règle des chanoines de Saint-Augustin, et établis à Uclès. Les clercs y vivent de la dîme de tous les acquêts de l’ordre. Ils se chargent de la vie religieuse des chevaliers qui, tous, une fois l’an, doivent faire retraite à Uclès et y font élever leurs fils.
Ces chevaliers de Santiago, demeurés laïques, forment la seconde branche de l’ordre, sous la direction du Maître, laïque comme eux et élu par eux en chapitre général à San Marcos de Leòn. Les chevaliers prêtent vœu de pauvreté individuelle, d’obéissance au maître, et de fidélité conjugale. En cas de veuvage, d’isolement ou de pauvreté, les chevaliers et leurs femmes se retirent à Uclès.
En ayant opté pour la règle de saint Augustin au lieu de la règle cistercienne, ses membres n’avaient pas l’obligation de faire vœu de chasteté, et ont pu contracter mariage (certains des fondateurs étaient mariés). Le droit de se marier, que d’autres ordres militaires n’ont obtenus à la fin du moyen âge, leur a été accordée des le début de l’ordre dans certaines conditions, telles que l’autorisation du roi, de l’engagement d’observer la continence pendant les fêtes de Noël, et le Carême, et sur certaines fêtes religieuses de l’année, ainsi que pendant la période de retraite faite à Uclés une fois par an. La douceur de cette règle a promu la diffusion rapide de l’ordre, qui a éclipsé les ordres plus anciens comme ceux de Calatrava et d’Alcantara.
Les chevaliers transmettent leurs biens patrimoniaux à leurs fils, qui peuvent rester en dehors de l’ordre, mais ils donnent à l’ordre les terres gagnées dans la Reconquête.
Les commanderies, confiées à des chevaliers Commandeurs, sont édifiées sur ces nouveaux territoires chrétiens, et les dîmes de tous les revenus vont aux clercs d’Uclès.
Par-delà le Maître, le seul souverain de l’ordre est le pape, et l’ordre est propriétaire des terres conquises en Estrémadure et en Andalousie. Mais l’Ordre prête son concours au roi dans toutes les opérations militaires.
Ainsi, le troisième Maître, Sancho Fernandez, meurt en 1195 de blessures reçues lors de la bataille d’Alarcos et le maître Pelayo Perez Correa (1242-1275) est le principal artisan de la prise de Séville en 1248.
L’ordre protège les routes et les hospices du pèlerinage à Santiago, où les femmes des chevaliers trouvent à s’employer. Les Espagnols de toutes les couches sociales s’y affilient en confréries, aidant l’ordre de leurs deniers et de leurs soins. Enfin, des commanderies s’élèvent dans les terres offertes en Aragon, Catalogne, Valence et au Portugal.
Les Frères portaient l’habit blanc, chape et chaperon de même couleur marqué, sur le côté gauche de la poitrine, de la célèbre épée de satin rouge et d’une coquille, dans le même tissu, posée en abîme sur l’épée. Avec un bouclier d’or portant en croix une épée à poignée de lis.
La Dissolution de l’ordre
L’ordre fut dissous par les souverains d’Espagne, sans le même acharnement cependant que celui qu’eurent à subir les Templiers en 1307. Les monarques agirent avec un grand sens politique. À la mort de Don Alonso de Cardenas, quarantième grand maître de l’ordre, Isabelle Ier la Catholique (1451-1474-1504) faisant en sorte que son époux fût élu grand maître de l’ordre en 1493. Ce qui facilita sa fin programmée.
La nomination du Grand Maître était ainsi passée sous la tutelle royale. Dans le but de dissiper la méfiance des chevaliers lors du chapitre général de 1513, Ferdinand II le Catholique, roi d’Aragon (1452-roi 1479-1516), devenu régent de Castille (de 1504 à 1516), décida la reconstruction du monastère-hôpital de San Marcos de Leòn, et offrit la somme de 300 000 maravédis.
En 1501, le pape Alexandre VI (Rodrigue Borgia, né à Xativa, prés de Valence – 1431-pape 1492- 1503) nomme Ferdinand II administrateur perpétuel des ordres militaires, qui seront désormais des ordres de soins, de polices et de récompenses de bons services.
En 1523, le pape Adrien VI (1522-1523) confirme le rattachement à la Couronne des ordres castillans.
En 1556, sous Charles Ier d’Espagne (1500-1516-1556) un conseil général des ordres les fait fusionner.
Enfin en 1592, le roi Philippe II (1527- règne 1556-1598) incorpore tous les ordres à la couronne.
Depuis cette époque, les rois d’Espagne ont conservé les titres et dignité de grand maître et administrateur de l’ordre qui est ainsi placé sous la protection de la couronne.
À l’époque moderne l’ordre fut transformé en un moyen de récompenser les fidèles du souverain. Ainsi Diego Vélasquez était chevalier de Santiago. Au XIXe siècle, les biens de l’ordre furent réunis à la couronne et l’ordre transformé en simple ordre honorifique. Il est encore aujourd’hui décerné par le roi d’Espagne.
La branche portugaise de l’ordre fut sécularisée en 1789 par la reine Maria. Il est aujourd’hui conservé par la république comme ordre de mérite dans les domaines des sciences, de la littérature et des arts.
Les Maîtres de l’Ordre de Santiago
1. Pedro Fernández de Fuente Encalato (1170-1184)
2. Fernando Díaz (1184-1186)
3. Sancho Fernández (1186-1193)
4. Gonzalo Rodríguez (1193-1204)
5. Suero Rodríguez (1204-1206)
6. Fernando González de Marañon (1206-1210)
7. Pedro Arias (1210-1212)
8. García González de Candamio (1214-1217) (première)
9. Martín Peláez Barragán (1218-1221)
10. García González de Candamio (1222-1224) (seconde)
11. Fernán Pérez Chacín (1224-1226)
12. Pedro González (1227-1237)
13. Rodrigo Yánez (1239-1242)
14. Pelayo Pérez Correa (1243-1275)
15. Gonzalo Ruiz Girón (1275-1279)
16. Pedro Núñez (1279-1286)
17. Gonzalo Martel (1286)
18. Pedro Fernández Mata (1286-1293)
19. Juan Osórez (1293-1310)
20. Diego Muñiz (1310-1318)
21. García Fernández (1318-1327)
22. Vasco Rodríguez (1327-1338)
23. Vasco López (1338)
24. Alonso Meléndez de Guzmán (1338-1342)
25. Fadrique de Castille (1342-1358)
26. García Álvarez de Toledo (1359-1366)
27. Gonzalo Mejía (1366-1371)
28. Fernando Osórez (1371-1383)
29. Pedro Fernández Cabeza de Vaca (1383-1384)
30. Rodrigo González Mejía (1384)
31. Pedro Muñiz de Godoy (1384-1385)
32. García Fernández de Villagarcía (1385-1387)
33. Lorenzo Suárez de Figueroa (1387-1409)
34. Enrique de Castilla (1409-1445)
35. Álvaro de Luna (1445-1453)
36. Juan II (1453 administrateur)
37. Alfonso de Castilla (1453-1462) (première)
38. Beltrán de la Cueva (1462-1463)
39. Alfonso de Castilla (1463-1467) (seconde)
40. Juan Pacheco (1467-1474)
41. Alonso de Cárdenas (1474-1476 en León) (première)
42. Rodrigo Manrique (1474-1476 en Castille)
43. Ferdinand le Catholique (1476-1477 administrateur)
Nicolas Bouchet, footballeur à l’AJA (Auxerre)
Mars 2009, nous tournons pour la dinde française
Le Cidef (Comité Interprofessionnel de la Dinde Française) a confié aux Apprentis (la société que nous avons créée avec Jamy, Manuella Gourmaud et Karine) la réalisation de petits films sur les aliments, illustré par ce volatile étonnant qu’est la dinde. Deux jours de tournage à Paris début mars 2009 et bientôt sortie des films… avec une dinde en 3D créée avec Mathieu Rey ! A suivre…
L’origine d’un nom : la Romanée Conti
D’où vient ce nom devenu mythique ? Il n’est pas étonnant que cet immense flacon, que les plus grands dégustateurs de la planète placent au firmament du vin, ait aussi un nom d’une rare complexité…
Dans “Grands Crus de Bourgogne, Histoires et traditions vineuses” (1955), E. de Moucheron avance l’explication suivante, sans toutefois citer de source :
“De récentes et précises recherches, nous obligent à conclure, qu’à part en Narbonnais, province contrôlée par Rome, il n’y avait pas de vignes dans le reste de la Gaule avant la conquête de César.
Cette culture ne date sans doute que du premier siècle de notre ère. Est-ce à dire que les gaulois ne buvaient pas de vin ? Que non pas, mais ils l’importaient. En grande quantité même, et ils étaient les premiers clients de Rome.
Ainsi s’explique l’édit de Domitien, qui en 92 après J.C., ordonna l’arrachage des vignes de toute la Gaule. Ce protectionnisme dura 200 ans et ce n’est qu’en 281 que l’empereur Probus, rapporta l’interdiction.
Toute vigne d’ailleurs ne disparut pas de notre sol durant cette période et le légionnaire occupant savait parfaitement passer par la petite porte, dans les villages de la côte, pour descendre clandestinement dans la cave où s’arrondissait dans la pénombre quelque secrète amphore ou même quelque barrique, puisque les gaulois passent pour avoir inventé ce genre de récipient en bois.
A peine l’édit libéral promulgué, chacun retrouvant les anciens finages que délimitaient encore des vestiges de clôtures, s’empressa de replanter sa vigne. Les vieux étaient là, dont les souvenirs gardaient la tradition et il y avait encore, en quelque combe ignorée, de vieux ceps pour fournir les provins. On allait chercher des plants en Suisse, en Narbonnaise, en Italie… L’armée romaine qui, en ce temps de paix, ne guerroyait pas aux frontières et tenait garnison sur le plateau d’Auxois, contribuait à l’ouvrage.
Il n’était pas rare que parmi les “meurgers” éboulés, on aperçut, sous la surveillance d’un décurion placide, un “commando” de légionnaires piochant vigoureusement le sol rocailleux de nos côtes. Ainsi se recréa ce vignoble bourguignon qui allait être le plus ancien en date et aussi le plus apprécié en France pendant de longs siècles.
La province cisalpine, heureuse de sa prospérité retrouvée, voulut exprimer sa reconnaissance à l’empereur Probus et lui fit don d’une vigne au sein de la Côte. De là le nom de “Romanée” attribué depuis lors à ce finage. De son côté, le césar flatté, faisant frapper une nouvelle monnaie à son effigie, en fit orner l’envers d’une grappe de raisin.
(…)
Le prince de Conti, achète en 1760, la Romanée à Philippe de Cronembourg et s’en réservera personnellement toute la récolte, tant qu’il en sera propriétaire. »
Mais notre vin célèbre ne changera de nom qu’après la révolution française de 1789, c’est à dire bien après la mort du prince… La Romanée deviendra La Romanée Conti. Bernard Pivot, dans son dictionnaire amoureux du vin (Plon, 2006), nous parle en effet « des fonctionnaires de la Révolution qui confisquent le domaine mais qui sont assez lucides et malins pour ajouter pour la première fois le patronyme exécré de Conti à Romanée, pressentant que commercialement l’initiative ne serait pas mauvaise ».
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Louis François de Bourbon-Conti, comte de La Marche puis (1727) prince de Conti, est né le 13 août 1717 à Paris dans l’hôtel de Conti et mort le 2 août 1776 à Paris.
Contenu soumis à la GFDL : Article Louis François de Bourbon-Conti de Wikipédia en français (auteurs)
J’ai volontairement illustré avec une bouteille de 1945. En effet, la DRC (manière coutumière et quelque peu inexacte puisqu’il s’agit du Domaine de la Romanée Conti de qualifier le lieu, l’entreprise) n’a pas produit de Romanée Conti des millésimes 1946 à 1951. Le domaine a arraché la vigne en 1945, afin de la replanter. Le premier millésime commercialisé dans les années qui suivent est le 1952 ! On raconte qu’il n’y aurait eu que 600 bouteilles en 1945. D’autre part, cette étiquette comporte l’ancienne typographie, remplacée dorénavant par une typo plus lourde, plus impactante…
2009, une année qui devra être combative
L’année va être dure. On le sent, on le voit, on l’entend… Il faudra être fort pour soi-même, les siens et les autres bien sûr car les souffrances vont se multiplier. A l’heure du succès annoncé de Benicio Del Toro, au plus fort de l’hiver, quelques mois avant le réveil printanier que sonne la féria de Pâques d’Arles, notre capitale, rien de tel qu’un toro d’Alfons Alt pour se donner de la force et du courage, en le caressant des yeux…
La Romanée Conti, carte sublime
Voici la plus belle carte qu’il m’ait été donné de voir. Dans Louis Larmat, 1947, Atlas des vignobles de France, La Bourgogne. On voit tout le contexte, les noms sont magiques. C’est si grand et si petit !
Cliquez sur la carte ci-dessus pour l’agrandir. Et cherchez l’hectare 805 de la Romanée Conti, soit environ 3 terrains de rugby, comme une aiguille dans une botte de foin !
La Romanée fut le vin du grand siècle
La Romanée fut le vin du grand siècle. Le vignoble date, comme son nom l’indique, de la conquête romaine ; une partie en fut cédée à la maison de Conti qui en fit du cas. A la suite d’une maladie que subit Louis XIV, Fagon, son médecin, lui prescrivit la Romanée. C’était la Romanée Saint-Vivant et non pas la Romanée-Conti, comme on l’a cru. Louis XIV, qui détestait le prince de Conti, n’eût pas volontiers adopté un vin qui portait son nom.
Comment le médecin du grand Roi fut-il amené à conseiller ce vin ? C’est ce qui est expliqué dans l’Histoire de Vergy, de Charles Theuriet, par l’anecdote que voici, empruntée aux mémoires de Fagon :
Le prieur du couvent de l’abbaye Saint-Vivant, qui avait appris la maladie du roi, députa vers Paris et Versailles un de ses religieux muni des recommandations de Salins, médecin de Beaune, ami et admirateur de Fagon. Ce moine était un bon bourguignon, madré comme un bourguignon et fin comme un homme d’église. Il se présenta à Fagon avec sa mine joviale et ouverte, toute fleurie des essences bourguignonnes et qui faisait plaisir à voir. Il remit la lettre de Salins à son destinataire. Fagon le reçut avec force gracieuseté.
Et le bon père, qui en aurait remontré aux voyageurs de commerce d’aujourd’hui, d’entamer bientôt l’éloge du vin de son couvent :
– Mon révérendissime père supérieur m’a envoyé pour vous dire que si notre bon roi faisait usage de la Romanée-Salnt-Vivant sa précieuse santé s’en trouverait fort améliorée. Notre vin a non seulement le pouvoir de fortifier l’estomac, comme chacun sait, mais encore d’égayer l’esprit ; il donne la gaieté, la force, le…
– Comme vous y allez ! Mon révérend, interrompit Fagon en riant, on dirait que dans une bouteille de votre vin se trouvent toutes les vertus humaines.
– Sans compter les vertus divines, répliqua le moine avec onction.
– Etes-vous convaincu de tout cela ? dit Fagon, pris par l’air paterne de son interlocuteur.
– Je suis convaincu, dit le moine, que si le roi se mettait à boire nos vins, il se rétablirait promptement et n’en voudrait plus boire d’autres.
La lettre du médecin de Beaune acheva de convaincre le médecin du roi. « J’espère, lui disait Salins, que vous prendrez en considération les raisons que je vous ai données au sujet du vin de Bourgogne. Permettez que je vous cite l’opinion d’un sage qui donnera du poids à la mienne. Ce sage, c’est Erasme, que notre vin a guéri et qui, dans un transport de sa reconnaissance, écrivait ces phrases mémorables : « Heureuse la Bourgogne, elle peut bien s’appeler la mère des hommes, puisqu’elle porte un pareil lait. Je ne m’étonne plus maintenant si jadis on plaçait parmi les dieux celui dont le génie avait inventé quelque chose d’utile ; celui qui, le premier, nous enseigna l’art de faire le vin ne doit-il point passer plutôt pour nous avoir gratifié d’une liqueur divine. » Ecoutez Erasme, ce père de la sagesse. »
Fagon écouta Erasme et Salins, et le roi adopta la Romanée-Saint-Vivant qui lui plût ; il continua d’user par la suite, d’un remède aussi agréable. Les princes de Conti offraient de leur Romanée à tous ceux à qui ils voulaient du bien. Monseigneur de Juigné, archevêque de Paris, écrivait à l’un d’eux, à la suite d’un envoi de Romanée : « C’est par cette magnificence que nous avons été heureux pour faire connaissance avec ce précieux vin qui était tout à la fois du velours et du satin en bouteilles. »
Velours et satin en bouteilles ! n’est-ce pas charmant ? Voilà bien une image digne d’un grand vin et d’un grand prélat à la fois.
Source
Le Gotha des vins de France, Maurice des Ombiaux, Payot, 1925