Category Archives: Le vin

Carte postale d’Aloxe Corton, archive de l’INA

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Magazine 12/14 – 30/01/1988 – 03min35s
Reportage à Aloxe Corton à l’occasion de la Saint Vincent tournante, présentation du village, de son histoire, de ses Appellations (anecdote sur l’Appelation Charlemagne) par Louis Chapuis, viticulteur. Anecdote sur Voltaire qui aimait tant ce vin.

Les obsèques du marquis de Lur Saluces, archive de l’INA

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JT Aquitaine – 21/12/1968 – 04min44s
Interview au Château d’Yquem de Monsieur de Traversé, ex-secrétaire administratif de la Fédération des syndicats des grands vins de Bordeaux, qui rend hommage au marquis de Lur Saluces dont les obsèques ont lieu aujourd’hui. Monsieur de Traversé évoque la personnalité du marquis, sa carrière militaire, littéraire et son attachement au domaine d’un des plus grands vins au monde. Ses propos sont illustrés de photos du défunt, d’images du Château et de la cérémonie des obsèques.

L’histoire des terroirs de Bourgogne, archive de l’INA

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Le journal de Bourgogne – 31/12/1999 – 05min51s
Evocation de la Bourgogne viticole de ces 1000 dernières années. Malgré des hauts et des bas, cette région conserve une identité constante qui lui vaut toujours aujourd’hui une image retentissante à travers le monde. Interview de Jacky Rigaux, universitaire. Interview de Jean-François Bazin, Journaliste. Interview de Henri Jayer, vigneron à Vosne Romanée.

Chanson à boire Bourguignonne

Au pied d’une vigne
Je naquis un jour
D’une mère digne
De tous mes amours
Depuis ma naissance
Elle m’a nourri
En reconnaissance
Moi je la chéris
{Refrain: 2x}
Joyeux enfants de la Bourgogne
Je n’ai jamais eu de guignon
Quand je vois rougir ma trogne
Je suis fier d’être bourguignon
Assis sous la treille
Plus heureux qu’un roi,
Toujours ma bouteille
A côté de moi
Jamais je m’embrouille
Car chaque matin
Je me débarbouille
Dans un verre de vin
{Refrain}
Madère et Champagne
Approchez un peu
Et vous, vins d’Espagne,
Malgré votre feu
Le jus de l’ivrogne
Réclame ses droits
Devant la Bourgogne
Saluez trois fois
{Refrain}
Puisque tout succombe
Un jour je mourrai
Jusque dans la tombe
Toujours je boirai
Je veux qu’dans la bière
Où sera mon corps
On y mette un verre
Rempli jusqu’au bord

{Refrain}

L’origine d’un nom : la Romanée Conti

romanee_conti_bourgognejpg.jpgD’où vient ce nom devenu mythique ? Il n’est pas étonnant que cet immense flacon, que les plus grands dégustateurs de la planète placent au firmament du vin, ait aussi un nom d’une rare complexité…

 

Dans “Grands Crus de Bourgogne, Histoires et traditions vineuses” (1955), E. de Moucheron avance l’explication suivante, sans toutefois citer de source :

“De récentes et précises recherches, nous obligent à conclure, qu’à part en Narbonnais, province contrôlée par Rome, il n’y avait pas de vignes dans le reste de la Gaule avant la conquête de César.

Cette culture ne date sans doute que du premier siècle de notre ère. Est-ce à dire que les gaulois ne buvaient pas de vin ? Que non pas, mais ils l’importaient. En grande quantité même, et ils étaient les premiers clients de Rome.

Ainsi s’explique l’édit de Domitien, qui en 92 après J.C., ordonna l’arrachage des vignes de toute la Gaule. Ce protectionnisme dura 200 ans et ce n’est qu’en 281 que l’empereur Probus, rapporta l’interdiction.

Toute vigne d’ailleurs ne disparut pas de notre sol durant cette période et le légionnaire occupant savait parfaitement passer par la petite porte, dans les villages de la côte, pour descendre clandestinement dans la cave où s’arrondissait dans la pénombre quelque secrète amphore ou même quelque barrique, puisque les gaulois passent pour avoir inventé ce genre de récipient en bois.

A peine l’édit libéral promulgué, chacun retrouvant les anciens finages que délimitaient  encore des vestiges de clôtures, s’empressa de replanter sa vigne. Les vieux étaient là, dont les souvenirs gardaient la tradition et il y avait encore, en quelque combe ignorée, de vieux ceps pour fournir les provins. On allait chercher des plants en Suisse, en Narbonnaise, en Italie… L’armée romaine qui, en ce temps de paix, ne guerroyait pas aux frontières et tenait garnison sur le plateau d’Auxois, contribuait à l’ouvrage.

Il n’était pas rare que parmi les “meurgers” éboulés, on aperçut, sous la surveillance d’un décurion placide, un “commando” de légionnaires piochant vigoureusement le sol rocailleux de nos côtes. Ainsi se recréa ce vignoble bourguignon qui allait être le plus ancien en date et aussi le plus apprécié en France pendant de longs siècles.

La province cisalpine, heureuse de sa prospérité retrouvée, voulut exprimer sa reconnaissance à l’empereur Probus et lui fit don d’une vigne au sein de la Côte. De là le nom de “Romanée” attribué depuis lors à ce finage. De son côté, le césar flatté,  faisant frapper une nouvelle monnaie à son effigie, en fit orner l’envers d’une grappe de raisin.

(…)

Le prince de Conti, achète en 1760, la Romanée à Philippe de Cronembourg et s’en réservera personnellement toute la récolte, tant qu’il en sera propriétaire. »

 

bouteille_romanee_conti.jpgMais notre vin célèbre ne changera de nom qu’après la révolution française de 1789, c’est à dire bien après la mort du prince… La Romanée deviendra La Romanée Conti. Bernard Pivot, dans son dictionnaire amoureux du vin (Plon, 2006), nous parle en effet « des fonctionnaires de la Révolution qui confisquent le domaine mais qui sont assez lucides et malins pour ajouter pour la première fois le patronyme exécré de Conti à Romanée, pressentant que commercialement l’initiative ne serait pas mauvaise ».

 

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Louis François de Bourbon-Conti, comte de La Marche puis (1727) prince de Conti, est né le 13 août 1717 à Paris dans l’hôtel de Conti et mort le 2 août 1776 à Paris.

 

Contenu soumis à la GFDL : Article Louis François de Bourbon-Conti de Wikipédia en français (auteurs)

 

J’ai volontairement illustré avec une bouteille de 1945. En effet, la DRC (manière coutumière et quelque peu inexacte puisqu’il s’agit du Domaine de la Romanée Conti de qualifier le lieu, l’entreprise) n’a pas produit de Romanée Conti des millésimes 1946 à 1951. Le domaine a arraché la vigne en 1945, afin de la replanter. Le premier millésime commercialisé dans les années qui suivent est le 1952 ! On raconte qu’il n’y aurait eu que 600 bouteilles en 1945. D’autre part, cette étiquette comporte l’ancienne typographie, remplacée dorénavant par une typo plus lourde, plus impactante…

La Romanée Conti, carte sublime

Voici la plus belle carte qu’il m’ait été donné de voir. Dans Louis Larmat, 1947, Atlas des vignobles de France, La Bourgogne. On voit tout le contexte, les noms sont magiques. C’est si grand et si petit !

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Cliquez sur la carte ci-dessus pour l’agrandir. Et cherchez l’hectare 805 de la Romanée Conti, soit environ 3 terrains de rugby, comme une aiguille dans une botte de foin !

 

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La Romanée fut le vin du grand siècle

La Romanée fut le vin du grand siècle. Le vignoble date, comme son nom l’indique, de la conquête romaine ; une partie en fut cédée à la maison de Conti qui en fit du cas. A la suite d’une maladie que subit Louis XIV, Fagon, son médecin, lui prescrivit la Romanée. C’était la Romanée Saint-Vivant et non pas la Romanée-Conti, comme on l’a cru. Louis XIV, qui détestait le prince de Conti, n’eût pas volontiers adopté un vin qui portait son nom.

Comment le médecin du grand Roi fut-il amené à conseiller ce vin ? C’est ce qui est expliqué dans l’Histoire de Vergy, de Charles Theuriet, par l’anecdote que voici, empruntée aux mémoires de Fagon :

Le prieur du couvent de l’abbaye Saint-Vivant, qui avait appris la maladie du roi, députa vers Paris et Versailles un de ses religieux muni des recommandations de Salins, médecin de Beaune, ami et admirateur de Fagon. Ce moine était un bon bourguignon, madré comme un bourguignon et fin comme un homme d’église. Il se présenta à Fagon avec sa mine joviale et ouverte, toute fleurie des essences bourguignonnes et qui faisait plaisir à voir. Il remit la lettre de Salins à son destinataire. Fagon le reçut avec force gracieuseté.

Et le bon père, qui en aurait remontré aux voyageurs de commerce d’aujourd’hui, d’entamer bientôt l’éloge du vin de son couvent :
– Mon révérendissime père supérieur m’a envoyé pour vous dire que si notre bon roi faisait usage de la Romanée-Salnt-Vivant sa précieuse santé s’en trouverait fort améliorée. Notre vin a non seulement le pouvoir de fortifier l’estomac, comme chacun sait, mais encore d’égayer l’esprit ; il donne la gaieté, la force, le…
– Comme vous y allez ! Mon révérend, interrompit Fagon en riant, on dirait que dans une bouteille de votre vin se trouvent toutes les vertus humaines.
– Sans compter les vertus divines, répliqua le moine avec onction.
– Etes-vous convaincu de tout cela ? dit Fagon, pris par l’air paterne de son interlocuteur.

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– Je suis convaincu, dit le moine, que si le roi se mettait à boire nos vins, il se rétablirait promptement et n’en voudrait plus boire d’autres.

La lettre du médecin de Beaune acheva de convaincre le médecin du roi. « J’espère, lui disait Salins, que vous prendrez en considération les raisons que je vous ai données au sujet du vin de Bourgogne. Permettez que je vous cite l’opinion d’un sage qui donnera du poids à la mienne. Ce sage, c’est Erasme, que notre vin a guéri et qui, dans un transport de sa reconnaissance, écrivait ces phrases mémorables : « Heureuse la Bourgogne, elle peut bien s’appeler la mère des hommes, puisqu’elle porte un pareil lait. Je ne m’étonne plus maintenant si jadis on plaçait parmi les dieux celui dont le génie avait inventé quelque chose d’utile ; celui qui, le premier, nous enseigna l’art de faire le vin ne doit-il point passer plutôt pour nous avoir gratifié d’une liqueur divine. » Ecoutez Erasme, ce père de la sagesse. »

Fagon écouta Erasme et Salins, et le roi adopta la Romanée-Saint-Vivant qui lui plût ; il continua d’user par la suite, d’un remède aussi agréable. Les princes de Conti offraient de leur Romanée à tous ceux à qui ils voulaient du bien. Monseigneur de Juigné, archevêque de Paris, écrivait à l’un d’eux, à la suite d’un envoi de Romanée : « C’est par cette magnificence que nous avons été heureux pour faire connaissance avec ce précieux vin qui était tout à la fois du velours et du satin en bouteilles. »


Velours et satin en bouteilles ! n’est-ce pas charmant ? Voilà bien une image digne d’un grand vin et d’un grand prélat à la fois.

 

Source

Le Gotha des vins de France, Maurice des Ombiaux, Payot, 1925

« Romanée-Conti 1935 » de Kaïko Takeshi

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Tokyo, un dimanche d’hiver, tard dans l’après-midi. Deux amis, la quarantaine, se retrouvent dans l’intimité obscure d’un café, pour célébrer un rite : la dégustation cérémonieuse d’une vieille bouteille de Romanée-Conti (1935). La vie, l’amitié, les femmes, le vin bien sûr, ils remontent le fil de leurs souvenirs… Un texte élégant et savoureux, par un des plus grands écrivains japonais contemporains (1930-1989, romancier, nouvelliste, essayiste, critique littéraire, reporter…).

Extraits

« Une extrême tension apparut sur le visage du serveur. La main s’empara de la bouteille avec fermeté mais en préservant avec le panier un interstice de l’épaisseur d’une feuille de papier. Le goulot se glissa auprès du verre avec la prudence du chat. La bouteille n’allait-elle pas être agitée, le vin troublé, la lie soulevée – pendant tout le temps où le vin était versé, le romancier retint son souffle. Le serveur remplit les deux verres avec douceur, lenteur, en plusieurs fois, et à l’instant où il eût terminé, on l’entendit pousser un petit soupir. C’était fini. La première partie de la cérémonie s’était déroulée sans encombres, le dernière goutte avait été rentrée dans la bouteille sans couler, la lie ne s’était pas non plus échappée. Par-delà les deux verres remplis d’Histoire, les deux hommes échangèrent un regard éperdu avant de se sourire. […] Il y avait là, une nouvelle fois, un fruit ayant accompli sa métamorphose. »

« Une, deux gorgées pour les savourer. Un vin merveilleux. Mûr à point. Un grain d’une grande finesse, une texture bien lisse, qui se déposait sur les lèvres ou la langue avec la légèreté du duvet. On pouvait le rouler, le casser, le briser, jamais il ne s’écroulait. Et quand, finalement, en le faisant glisser vers la gorge, on essayait de percevoir ce que la goutte dévoile au moment de dévaler le ravin, on ne rencontrait qu’une aisance exempte du moindre trouble. Malgré cette jeunesse, cette rondeur, cette vivacité, il y avait une sensuelle opulence. Une plénitude, mais accompagnée de pureté et de fraîcheur. Comme si derrière un sourire empreint de réserve s’échappaient des éclats d’exubérance. Et de certaines résonances, on ne prenait conscience qu’après disparition du breuvage dans la gorge. »